Sur les traces de Voltaire à la bibliothèque de l’Arsenal

Première partie

La Bibliothèque de l’Arsenal est depuis 1934 rattachée à la Bibliothèque nationale de France, dont elle est aujourd’hui l’un des départements au centre de Paris.  Le cœur de ses collections anciennes est constitué de la bibliothèque d’Antoine-René de Voyer d’Argenson, marquis de Paulmy (1722-1787), installée dans l’hôtel du grand-maître de l’artillerie depuis 1757 et qu’elle n’a plus quitté depuis.

La bibliothèque de l’Arsenal, Paris. Photo: Vincent Desjardins.

Fils de René-Louis de Voyer, deuxième marquis d’Argenson (1694-1757), ministre des affaires étrangères de 1744 à 1747, Paulmy est aussi le neveu de Marc-Pierre de Voyer, comte d’Argenson (1696-1764), qui exerça les  fonctions de lieutenant général de police de Paris (en 1720 puis de 1722 à 1724) et de secrétaire d’Etat à la guerre (de 1743 à 1757). Proche de son oncle, qu’il seconda puis remplaça brièvement après sa disgrâce, le marquis de Paulmy poursuivit quelques années une carrière d’ambassadeur qu’il abandonna définitivement en 1768 pour consacrer l’essentiel de son temps et de sa fortune à enrichir sa bibliothèque, ainsi qu’à des travaux bibliographiques et littéraires.[1]

Les longues relations de Voltaire avec la famille d’Argenson ont permis que se retrouvent à l’Arsenal quelques documents importants le concernant. S’ils sont loin d’être inconnus des spécialistes de Voltaire qui les ont signalés dans les éditions des Œuvres complètes ou dans différents travaux, il n’est pas inintéressant de les présenter en tant qu’ensemble, si l’on peut employer ce terme pour des documents d’origines aussi diverses.

Voltaire et la famille d’Argenson

Les plus anciens documents concernant Voltaire conservés par la bibliothèque de l’Arsenal figurent dans les Archives de la Bastille, confiées à la bibliothèque peu après la démolition de la prison en 1789. On y trouve le dossier de prisonnier du jeune Arouet, détenu à la Bastille de mai 1717 à avril 1718 pour des vers injurieux envers le Régent, comprenant son interrogatoire (Ms-10633 fols 455r et suiv.), signé du lieutenant général de police Marc-René de Voyer de Paulmy, premier marquis d’Argenson (1652-1721), grand-père du marquis de Paulmy et une lettre (Ms-10633 fol. 460) de son amie de Hollande, Olympe Dunoyer (D14), qu’il devait porter sur lui au moment de son arrestation. Comme un clin d’œil de l’histoire, ces témoins  de la jeunesse de Voltaire voisinent aujourd’hui avec ses œuvres, réunies dans la collection du marquis de Paulmy, petit-fils du marquis d’Argenson.

Salle de lecture de la bibliothèque de l’Arsenal, Paris.

S’il ne semble pas que Voltaire et Paulmy aient entretenu une véritable correspondance, on sait cependant qu’ils se sont rencontrés pendant l’été 1755.[2] Il arrive aussi que Voltaire évoque Paulmy auprès de ses correspondants, leur demandant de le saluer de sa part, ou prenant de ses nouvelles par l’intermédiaire de son voisin à l’Arsenal, Nicolas Claude Thieriot.[3]

Les liens de Voltaire sont plus documentés avec les frères d’Argenson, qui sont de la même génération que lui. Avant de croiser leur père, le lieutenant général de police, à la Bastille, Voltaire fut en effet leur condisciple au collège Louis-le-Grand. Les relations amicales et plus ou moins intéressées de Voltaire avec ‘la Bête’ et ‘la Chèvre’[4] ont fait l’objet de plusieurs études auxquelles on pourra se reporter.[5] Elles expliquent en partie la présence dans la collection de l’Arsenal de quelques pièces significatives ayant trait à Voltaire et à son œuvre: des manuscrits, mais  aussi des ouvrages imprimés portant des corrections manuscrites, auxquels ont parfois été jointes les lettres de l’écrivain qui accompagnaient l’envoi du volume.

L’œuvre de Voltaire à l’Arsenal: exemplaires remarquables

Manuscrits

Ms-2755: Supplément aux œuvres de théâtrede M. de Voltaire (Samson, Eriphile, Adélaïde du Guesclin, Les Frères ennemis)

Relié aux armes du marquis d’Argenson. C’est à ces copies que le marquis d’Argenson se réfère dans ses Notices sur les œuvres de théâtre (Ms-3448 à 3455)[6] pour rendre compte de pièces de Voltaire qui n’avaient pas encore été imprimées à l’époque. Le recueil est également signalé avec sa provenance par le marquis de Paulmy dans le catalogue de sa bibliothèque (Ms-6287, fol. 391).

Ms-4773: Histoire de la guerre dernière, 1752:[7] ce manuscrit, œuvre de Voltaire historiographe du Roi, fut envoyé au comte d’Argenson, ministre de la guerre. Les remarques du marquis de Paulmy ont été reliées en tête du manuscrit. Le texte en fut publié à Paris sans l’assentiment de Voltaire en 1755 à partir d’une autre copie, et l’édition fut tout d’abord interdite par le directeur de la Librairie.

Candide ou l’optismime [sic], Plat supérieur, premier feuillet, référence au catalogue de la vente La Vallière de 1784 (Ars. Ms-3160).

Ms-3160: Candide ou l’optismime [sic]: la bibliothèque de l’Arsenal conserve la seule version manuscrite complète du conte, de la main de Wagnière, avec des annotations de Voltaire, mais c’est au duc de La Vallière et non aux d’Argenson que Voltaire fit parvenir ces feuillets, quelques mois avant de donner son conte à imprimer à Cramer en 1759.Sa reliure modeste et le peu d’intérêt qu’on portait à l’époque aux manuscrits d’auteurs explique sans doute qu’il n’ait pas été retenu par le libraire Guillaume Debure pour figurer au catalogue de la première partie de la vente posthume de la collection du duc en 1783. Aussi est-il passé dans celle du marquis de Paulmy, lorsqu’il fit l’acquisition en bloc en 1786 de la dernière partie de la bibliothèque de La Vallière. Pourtant décrit au catalogue des manuscrits de la bibliothèque de l’Arsenal dès 1887, ce manuscrit n’a véritablement été étudié par les spécialistes de Voltaire qu’à partir de 1957.[8]

Enfin, un lot important de 500 lettres de Voltaire à divers correspondants est venu enrichir la collection au XIXe siècle. (Ms-7567-7571),[9] suivi de plusieurs lettres de Grimm à Wagnière au sujet de la  vente de la bibliothèque de Voltaire (Ms-9312),[10] preuve de la considération que les bibliothécaires de l’époque accordaient au lien de l’Arsenal avec Voltaire. 

Ouvrages imprimés

Le premier volume gardant trace d’un envoi de Voltaire au comte d’Argenson est un exemplaire des Elémens de la philosophie de Newton, 1738 (Réserve 8-S-6556). Le volume a probablement été envoyé relié.

On identifie d’autres ouvrages envoyés par Voltaire grâce aux corrections qu’ils comportent:

Ex-libris gravé du marquis d’Argenson, ex-dono et feuillet corrigé dans son exemplaire des Œ38, t. 1-4 (Ars. Réserve 8-BL-34043).

 4 volumes de l’édition Ledet / Desbordes, 1738-1739 (Œ38), sur grand papier, envoyés au marquis d’Argenson (Ars. Réserve 8-BL-34043 [1-4]); le premier tome  porte un ‘ex-dono authoris’ et est enrichi d’une lettre de Voltaire au marquis d’Argenson (Bruxelles, 21 mai 1740. D2210): ‘Les fautes des éditeurs se trouvoient en fort grand nombre avec les miennes. J’ay corrigé tout ce que j’ai pû…’

Un autre exemplaire de cette édition, également corrigé, fut envoyé au duc de La Vallière (Ars. Réserve 8-BL-34042): il est entré dans la collection de Paulmy par l’achat en bloc de 1786 déjà évoqué. Le décor de sa reliure ne ressemble pas à ceux que le duc faisait réaliser pour sa bibliothèque; il a probablement reçu l’exemplaire déjà relié. Les corrections qu’il porte ne sont guère différentes de celles qui figurent sur les volumes du marquis d’Argenson, au point qu’on a parfois confondu les deux exemplaires.

Un troisième exemplaire de cette même édition (Ars. 8-BL-34041), lui aussi sur grand papier, est sans correction, si ce n’est que la table de l’Essai sur la poésie épique est barrée et accompagnée de cette remarque manuscrite: ‘Fautive d’un bout à l’autre, mais on peut s’en passer’. Il est relié en maroquin citron et porte les armes de la famille d’Argenson au dos. Sans doute l’exemplaire a-t-il appartenu au comte d’Argenson, sans avoir été envoyé par l’auteur.   

Premier des 14 feuillets insérés dans l’exemplaire des Œ40, t. 4, (Ars. 8-BL-34045 [4]).

Terminons ce petit panorama des éditions des Œuvres en signalant l’exemplaire (Ars. 8-BL-34045 [1-4]) (édition d’Amsterdam [Rouen], 1740  ou Œ40), relié de maroquin rouge et portant au dos les armes du comte d’Argenson, qui ne semble pas, jusqu’ici, avoir retenu l’attention. Il contient, comme les exemplaires de La Vallière et du marquis d’Argenson, de nombreuses corrections, mais surtout, il est enrichi, au tome IV, de 14 feuillets manuscrits insérés entre les pages 136 et 137, qui comprennent quatre textes imprimés postérieurement: Sur l’histoire (texte pour lequel OCV 28B ne cite aucun manuscrit), Sur les contradictions du monde (plus complet que BnF Ms NAF 2778, fols 199-200, cité par OCV 28B), Du déisme, et Du fanatisme.

A côté de ces exemplaires corrigés, la collection de Paulmy se distingue par quelques éditions d’œuvres isolées de Voltaire, qui ont appartenu au comte d’Argenson et auxquelles sont joints des lettres du philosophe, ou des commentaires de personnalités proches du ministre. Le tableau ci-dessous permet de les présenter synthétiquement.

Tableau contenant éditions d’œuvres isolées de Voltaire qui ont appartenu au comte d’Argenson.

Les envois de Voltaire au comte d’Argenson semblent cesser en 1756, leur correspondance en 1757:[11] cette même année, le comte tombe en disgrâce et est exilé au château des Ormes, où il meurt en 1764. Aléas de la conservation? À moins qu’il ne faille en déduire que Voltaire n’a entretenu ses relations avec le comte que tant qu’il pouvait lui être utile à la Cour?

Nadine Férey-Pfalzgraf, Conservatrice du fonds ancien de la Bibliothèque de l’Arsenal (BnF)

Lettre de Voltaire au comte d’Argenson (D6827) reliée dans les Poèmes sur la religion naturelle et sur la destruction de Lisbonne, 1756. (Ars. Réserve 8-BL-34107).

La seconde partie de ce blog sera mise en ligne le jeudi prochain (01/09/2022).


[1] Pour une présentation plus détaillée du bibliophile et de sa bibliothèque, voir Martine Lefèvre, ‘La bibliothèque du marquis de Paulmy’, in Histoire des bibliothèques françaises, 2. Les Bibliothèques sous l’Ancien Régime (1530-1789), Paris, Promodis – Ed. du Cercle de la librairie, 1988, pp. 303‑315 et Eve Netchine, ‘Le marquis de Paulmy et la construction d’une bibliothèque comme œuvre’, in La famille d’Argenson et les arts, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2019, p. 855.

[2] Lettre de Voltaire à Jean Robert Tronchin, 12 juillet 1755 (D6337).

[3] D8634 par exemple.

[4] Lettre de Voltaire à M. de Cideville, 9 février 1757 (D7152).

[5] Voir notamment:

– Didier Masseau, ‘Argenson, Marc-Pierre de Voyer, comte d’’ et ‘Argenson, René-Louis de Voyer, marquis d’’ in Inventaire Voltaire, Paris: Gallimard (coll. ‘Quarto’), 1995, pp. 88-89.

– Yves Combeau, Le comte d’Argenson (1696-1764): ministre de Louis XV, Paris, Ecole des chartes (coll. ‘Mémoires et documents de l’École des chartes’, ISSN 1158-6060; 55), 1999, pp. 10-11.

– Andrew Jainchill, ‘An unpublished letter from the marquis d’Argenson to Voltaire (1 May 1739, D1998a)’, Revue Voltaire, XIV, 2014, pp. 199‑213, qui donne la liste des 103 lettres échangées entre Voltaire et le marquis.

– Jean-Denis d’Argenson, ‘Voltaire et les frères d’Argenson’, in: Journées d’histoire du château des Ormes, 2017, pp. 21‑52.

[6] René-Louis de Voyer marquis d’Argenson, Notices sur les œuvres de théâtre, publ. par H. Lagrave, Genève: Institut et musée Voltaire les Délices (coll. « Studies on Voltaire and the eighteenth century », 42-43), 1966. 2 vol.

[7] Le manuscrit fut édité par Jacques Maurens, chez Garnier en 1971 puis dans les OCV 29C, 2020.

[8] Ira O. Wade, ‘A manuscript of Voltaire’s Candide’, Proceedings of the American Philosophical Society, 101, 1, 1957, pp. 93-106.

[9] Ce lot semble avoir été acquis à la vente de la collection d’autographes d’A.-P. Dubrunfaut de 1884.

[10] Publiées dans Jean-Louis Wagnière ou Les deux morts de Voltaire, présentation et notes de Christophe Paillard; préface de Michel Delon, Saint-Malo: Éd. Cristel, 2005.

[11] La dernière lettre conservée du comte d’Argenson à Voltaire (6 janvier 1757) relate l’attentat de Damiens (D7114).

Rousseau et Locke: Dialogues critiques

Rousseau et Locke: Dialogues critiques is the July volume in the Oxford University Studies in the Enlightenment series. This volume, edited by Johanna Lenne-Cornuez and Céline Spector, reassesses the legacy of Lockean thought in all areas of Rousseau’s philosophy. This blog post introduces readers to the edited collection by discussing its claims and ambitions.

Après le colloque que nous avons organisé en 2019 à Sorbonne Université, il nous a semblé qu’une réévaluation de l’héritage de la pensée de Locke chez Rousseau s’imposait. C’est ainsi que ce volume est né. Tout en établissant l’étendue de la dette de l’auteur d’Émile à l’égard du ‘sage Locke’ dans tous les domaines de sa philosophie (identité personnelle, épistémologie, médecine, morale, pédagogie, économie, politique), il met en lumière les usages des thèmes et concepts lockiens chez Rousseau – quitte à identifier les distorsions que le philosophe genevois fait subir à son prédécesseur.

D’un point de vue philosophique, la thèse défendue par ce volume est la suivante: Rousseau a élaboré un grand nombre de ses thèses majeures dans un dialogue critique avec la philosophie lockienne. Loin d’être une influence évanescente, les thèses de Locke sont une référence constante pour Rousseau, dont il fait un usage aussi varié que fécond. La philosophie rousseauiste institue une relation singulière à cette source: Locke n’est ni un pur adversaire avec lequel il s’agirait toujours de marquer son désaccord, ni une simple ressource textuelle à laquelle il se contenterait de puiser.

Locke est tantôt un allié, tantôt un adversaire, ou plutôt il n’est ni l’un ni l’autre: la philosophie lockienne est le lieu théorique et méthodologique au sein duquel Rousseau s’inscrit et l’origine des principes auxquels il fait subir de notables subversions. Il s’avère beaucoup plus proche de l’auteur de l’Essai et du second Traité que l’exégèse l’a longtemps perçu. Aussi l’ambition de ce volume est-elle de s’écarter de toute vision réductrice de l’héritage lockien pour redonner aux rapports entre les deux auteurs toute sa profondeur et ses nuances. Interroger l’héritage de Locke par-delà le prisme d’oppositions préconçues – naturalisme/historicisme; matérialisme/dualisme; libéralisme/républicanisme – donne son unité à ce volume.

L’usage de Locke par Rousseau pourrait n’être que stratégique. Derrière l’éloge de ‘l’illustre Locke’, l’auteur en exil brandirait une communauté de principes comme un bouclier défensif. À s’en tenir à un usage stratégique, la dette reconnue à l’égard de Locke ne serait qu’une illusion rétrospective. Cependant, par-delà un usage rhétorique, l’auteur du Contrat social fait de Locke un usage instituant une communauté de pensée contre une autre: celle des partisans de l’inaliénabilité de la liberté contre celle des ‘fauteurs du despotisme’ (CS, I, 5). Cet usage est notamment éclairé dans ce volume par les contributions de Céline Spector, à propos de l’inaliénabilité de la liberté, de Jean Terrel, au sujet de l’institution du contrat, et de Ludmilla Lorrain, sur le consentement à la représentation.

S’inscrivant de plain-pied dans les controverses de son temps, le philosophe fait également un usage polémique de la philosophie lockienne. Au-delà de la critique ouverte de Locke, le volume cherche alors à identifier le point de rupture. Cet usage polémique est notamment éclairé par les contributions de Anne Morvan, à propos du différend qui oppose Locke et Rousseau dans l’utilisation d’arguments naturalistes, et de Philippe Hamou au sujet des implications épistémiques et anthropologiques de leur différend sur la religion naturelle. À l’inverse, Rousseau peut apparaître comme un allié, comme le montre Claire Crignon, à propos de la critique des médecins.

Mais la critique ciblée de Locke peut masquer un héritage conséquent, notamment en matière de pédagogie. Cette dette est éclairée par les contributions de Christophe Martin, à propos de la révolution pédagogique initiée par Locke, et par Gabrielle Radica, à propos de l’usage éducatif des sanctions. Dans le même esprit, une filiation surprenante entre leurs philosophies morales doit être restituée. Par-delà la rupture que constitue la Profession de foi du Vicaire savoyard, c’est la cohérence du projet empiriste qui doit être interrogée. Le dialogue critique est éclairé par Louis Guerpillon, à propos du sens de l’empirisme en morale, et par Johanna Lenne‑Cornuez, au sujet de la définition du citoyen des temps modernes.

Portrait de J-J Rousseau, Ecole anglaise du XVIIIe siècle, Voltaire Foundation, Oxford.

Enfin, Rousseau utilise parfois Locke comme source d’arguments d’autorité. C’est le cas du fondement mémoriel de l’identité personnelle ou encore de l’inquiétude qui motive nos actions. Pourtant, cette reprise ne saurait être une simple redite. Concernant le rapport entre mémoire et identité subjective, l’appropriation de Locke par Rousseau est bien plus complexe qu’il n’y paraît. La question des mobiles de l’action suppose quant à elle de revenir à la lettre du texte de Locke. Ces usages qui n’échappent pas à la dimension critique seront éclairés par Stéphane Chauvier, à propos du fondement de l’identité personnelle, et par Christophe Litwin, à propos de l’inquiétude comme mobile de l’action.

Pour chacun de ces trois types d’usages – usage stratégique, usage polémique et appropriation critique –, le terme de dialogue critique est pertinent: dialogue, parce que Rousseau se situe d’abord sur un terrain qu’il identifie comme lockien, critique, parce que l’usage que Rousseau fait des idées lockiennes n’en est jamais la simple répétition. Aussi peut-on parler de critique menée de l’intérieur de thèses héritées de Locke.

– Johanna Lenne-Cornuez (Sorbonne University/CNRS) and Céline Spector (Sorbonne University)

This post first appeared in the Liverpool University Press blog.

Peril at sea: the digital search for allusions in Voltaire’s epic poetry

Tesserae-OBVIL is an intertextual search tool currently being developed with support from the Voltaire Foundation, designed to compare French and Latin texts and locate possible poetic allusions between them. In this blog post, developer and Vf Post-Doctoral Fellow James Gawley explains several new allusions found with Tesserae-OBVIL that deepen our understanding of the Henriade, one of Voltaire’s most important, yet least-studied works.

The Henriade
Louis-François Charon, Voltaire à la Bastille composant la Henriade, 1822, print, 48.2cm x 34.7cm, Musée Carnavalet, Paris.

In 1717, Voltaire was thrown into the Bastille for writing and distributing scurrilous verses about the Regent. In his cell, he began to compose a new poem called the Henriade. In contrast to the short, scandalous verses that had put him in prison, this would be a national epic designed to trumpet France’s place in the world and in world literature. Voltaire’s ambition was huge: unlike Greece and Rome, and unlike other modern European nations, France lacked a national epic, a crowning work of literature that could give the country a sense of national identity.

The poem made its author a celebrity. For the eighteenth century, Voltaire was the author of the Henriade. It was quickly translated into many languages and published in almost every European country. Voltaire even lived to see an American edition released in 1778. Yet today, we hardly know what to make of his epic. There is little critical work published on the poem, and print editions are rare in libraries and non-existent in bookstores. Simply put, something considered to be Voltaire’s masterpiece by his contemporaries is virtually unknown to modern readers. One key missing element is the classical context, obvious to eighteenth-century readers, but increasingly obscure today.

Tesserae-OBVIL

Allusion, at its simplest, is the adaptation of a recognisable passage or phrase in the text of a new poem. Allusion is not rote copying; it depends on an adaptation of old material, meaning that the words or the context are altered to create something new. Nor is it plagiarism, since the author intends for the reader to recognise the borrowed material. In fact, the word ‘allusion’ is derived from the Latin ludus, or ‘game’. This game was much easier for Voltaire’s readers of the eighteenth and nineteenth centuries, when epic poetry and its allusive tradition were taught in schools. Today, expertise in both the Latin epic tradition and the literature of the Enlightenment is rare. So that new readers might come to appreciate the Henriade, I have adapted the open source Tesserae Project to search for allusions that connect French epic poetry with its Latin predecessors. The tool (in its current, early form) is called Tesserae-OBVIL.

Detail of La Tour’s portrait of Madame de Pompadour showing the Henriade on her bureau. Maurice Quentin de La Tour, Portrait en pied de la marquise de Pompadour, 1749-1755, 175cm x 128cm, Musée du Louvre, Paris.

Poets use a very small amount of shared language to connect themselves to their predecessors; once the connection is formed in the reader’s mind, the alluding poet changes the text as much as possible. So instead of looking for passages with a large number of similarities, Tesserae-OBVIL looks for places where just two or more words are shared between poems within a single phrase. The system then filters these points of similarity according to the rarity of the shared words and their proximity to one another on the page. The user still has to interpret the search results, sifting out the meaningful allusions. Yet even with false positives in the search results, Tesserae-OBVIL makes it easier for us to read the Henriade as Voltaire’s contemporaries did, with an eye for epic allusion and intimate knowledge of the Latin epics.

Allusions in the Henriade

The genre of epic poetry depends on allusions. References to the canon prove that a poet has done their homework. Even better, if the poet can improve on famous verses, then they elevate themself above their predecessors and take their own place in the canon. Perhaps most important, allusions in epic poetry establish the mastery of the poet’s culture. Allusions are therefore intrinsic to Voltaire’s goals in composing the Henriade.

To establish France’s literary supremacy, Voltaire had to engage closely with Virgil. This is why the Henriade starts out in the same way as the Aeneid. Both poems begin with a hero’s sea voyage to a foreign queen; Aeneas encounters Dido, while Henry IV meets Elizabeth I of England. Voltaire is taking advantage of poetic license here: though England did aid France in the wars of religion, Henry never actually met Elizabeth. Voltaire invents the scene to connect himself to Virgil, and this engagement has a competitive French twist. When the hero Aeneas is nearly shipwrecked at the beginning of Virgil’s poem, he bitterly laments his fate. This lamentation is a failure of stoic courage, which would require Aeneas to accept whatever the gods have in store for him without complaint. Voltaire reproduces this scene at the beginning of the Henriade, but when Henri believes he will be drowned, he does not rail against fate. His only lament is for the fate of France. The French hero of the Henriade is implicitly braver than the Roman hero of the Aeneid.

Aeneid 1.88–1.101

Eripiunt subito nubes caelumque diemque
Teucrorum ex oculis; ponto nox incubat atra.
Intonuere poli, et crebris micat ignibus aether,
praesentemque viris intentant omnia mortem.
Extemplo Aeneae solvuntur frigore membra:
ingemit, et duplicis tendens ad sidera palmas
talia voce refert: ‘O terque quaterque beati,
quis ante ora patrum Troiae sub moenibus altis
contigit oppetere! O Danaum fortissime gentis
Tydide! Mene Iliacis occumbere campis
non potuisse, tuaque animam hanc effundere dextra,
saevus ubi Aeacidae telo iacet Hector, ubi ingens
Sarpedon, ubi tot Simois correpta sub undis
scuta virum galeasque et fortia corpora volvit?’

[Suddenly clouds take sky and day away
from the Trojan’s eyes: dark night rests on the sea.
It thunders from the pole, and the aether flashes thick fire,
and all things threaten immediate death to men.
Instantly Aeneas groans, his limbs slack with cold:
stretching his two hands towards the heavens,
he cries out in this voice: ‘Oh, three, four times fortunate
were those who chanced to die in front of their father’s eyes
under Troy’s high walls! O Diomede, son of Tydeus
bravest of Greeks! Why could I not have fallen, at your hand,
in the fields of Ilium, and poured out my spirit,
where fierce Hector lies, beneath Achilles’s spear,
and mighty Sarpedon: where Simois rolls, and sweeps away
so many shields, helmets, brave bodies, of men, in its waves!’]

Compare these lines with a passage of the Henriade connected to it by Tesserae-OBVIL:

Henriade 1.166–1.176:

On découvrait déjà les bords de l’Angleterre;
L’astre brillant du jour à l’instant s’obscurcit;
L’air siffle, le ciel gronde, et l’onde au loin mugit;
Les vents sont déchaînés sur les vagues émues;
La foudre étincelante éclate dans les nues;
Et le feu des éclairs, et l’abîme des flots,
Montraient partout la mort aux pâles matelots.
Le héros, qu’assiégeait une mer en furie,
Ne songe en ce danger qu’aux maux de sa patrie,
Tourne ses yeux vers elle, et, dans ses grands desseins,
Semble accuser les vents d’arrêter ses destins.

[The coast of England is already appearing;
The bright star of day darkens all at once;
Air whistles, sky rumbles, the wave in the distance roars;
The winds are unleashed on the agitated waves;
Flashing lightning bursts in the clouds;
The fire of thunderbolts, and the abyss of the waves,
Showed death all around to the pale sailors.
The hero, besieged by a furious sea,
Thinks in this danger only of the suffering of his country,
Turns his eyes towards her, and, in his grand designs,
Seems to accuse the winds of stopping his destiny.]

The similarity between these passages is obvious when compared directly, but this allusion from Voltaire to Virgil has gone unnoted in scholarly literature. Sometimes it takes a digital search tool to show us where to look. Yet there is more to this passage than a French hero reacting more calmly than a Roman one. Allusions are often polyvalent, connecting one point of a poem with several predecessors. This near-shipwreck passage in Voltaire is one of these polyvalent allusions.

Claude Joseph Vernet, Le Naufrage, 1772, oil on canvas, 113.5cm x 162.9cm, National Gallery of Art, Washington, D.C.

In between the Aeneid and the Henriade, another epic reproduced this scene. Lucan’s Civil War was composed some eighty years after the death of Virgil, while the emperor Nero was in power. Whereas Virgil’s epic is designed to establish Rome as a nation whose culture deserves to dominate the Mediterranean, Lucan’s follow-up poem laments Rome’s mindless and self-destructive tendencies. When Lucan sends Julius Caesar – epic hero and ancestor of the current ruler – into the storm, he portrays Caesar as unflinching in the face of death. Caesar offers no lament about the fate of himself or of Rome. In fact, he is utterly convinced of his importance and does not particularly care what happens to Rome, provided that he gets what he wants. Caesar is not a ‘hero’ in the modern sense of the word – he is heroic in scale and monstrous in ambition.

Civil War 1.88–1.101

Nubibus et coelo Notus est: si murmura ponti
Consulimus, Cori verrunt mare. Gurgite tanto,
Nec ratis Hesperias tanget, nec naufragus oras.
Desperare viam et vetitos convertere cursus,
Sola salus. Liceat vexata litora puppe
Prendere, ne longe nimium sit proxima tellus.
Fisus cuncta sibi cessura pericula Caesar,
Sperne minas, inquit, pelagi, ventoque furenti
Trade sinum. Italiam si coelo auctore recusas,
Me pete. Sola tibi caussa haec est iusta timoris,
Vectorem non nosse tuum; quem numina numquam
Destituunt, de quo male tunc Fortuna meretur,
Cum post vota venit. Medias perrumpe procellas,
Tutela secure mea. Coeli iste fretique,
Non puppis nostrae labor est: hanc Caesare pressam
A fluctu defendet onus.

[A north-westerly tempest will overcome the waves.
In such a gale, neither shipwrecked crew nor vessel
shall ever reach the shore of Italy. Our one chance
is to renounce all hopes of the passage denied us
and retrace our course. Let me seek the shore nearby
in our battered craft, lest the land proves unreachable.’
Confident that all perils would give way before him,
Caesar cried: ‘Scorn the sea’s threats, spread our sail
to the raging wind. Seek Italy at my command though
you refuse that of heaven. Only your ignorance of whom
you carry justifies your fear. Here is one whom the gods
never desert, whom fate treats unjustly if she comes only
in answer to his prayers. Thread the heart of the tempest,
secure in my protection. This turmoil concerns the sea
and sky, not our vessel: that she bears Caesar will defend
her from the waves.’]

The language of Voltaire’s near-shipwreck scene shares almost as much with Civil War as it does with the Aeneid, and if we read a little further in the Henriade, Voltaire makes the reference more explicit:

Henriade 1.177-182:

Tel, et moins généreux, aux rivages d’Épire,
Lorsque de l’univers il disputait l’empire,
Confiant sur les flots aux aquilons mutins
Le destin de la terre et celui des Romains,
Défiant à la fois et Pompée et Neptune,
César à la tempête opposait sa fortune.

[Such, and less generous, on the shores of Epirus,
When the empire of the universe he disputed,
Trusting on the waves to the mutinous aquilons
The destiny of the earth and of the Romans,
Defying both Pompey and Neptune,
Caesar opposed his fortune to the storm.]

Engraving of Henri IV from a copy of Voltaire’s Œuvres complètes (Kehl, 1785), vol.10 (La Henriade), frontispiece.

If Voltaire felt obligated to demonstrate his mastery of Virgil, he also felt obligated to demonstrate his mastery of Lucan. By including hints of Julius Caesar when he depicts Henri IV as brave in the face of the storm, he adds an ominous note to his apparent flattery of the royal family – readers recall that Caesar was responsible for a civil war that nearly destroyed Rome, and died a tyrant. This is far from the only hint of Voltaire’s personal opinions in the poem. Aeneas himself was an ambiguous hero. Throughout most of Virgil’s epic, Aeneas is a patient leader and obedient to the gods. In the poem’s final lines he gives in to rage and butchers his fallen opponent, a man who is clinging to his knees and begging for mercy. Epic poetry is always somewhat ambivalent in its praise. Given the writer’s rocky relationship with the descendants of Henry IV, I would say that Voltaire chose the medium of his praise very well.

For its original audience, the Henriade was not simply an obsequious homage to the ruling family that imprisoned Voltaire. It was a celebration of France, one that also conveyed a carefully veiled criticism of its royal family. Imprisoned for openly mocking the powerful, Voltaire used allusions to add an ironic subtext to his praise of Henri IV. It is this combination of nationalist pride and mistrust of authority – both inaccessible unless one understands the allusions beneath the surface of the text – that make the Henriade a compelling piece of literature. These complexities have been mostly lost to the reader for the past century-and-a-half, and are only now being rediscovered with digital tools like Tesserae-OBVIL.

– James Gawley, Post-Doctoral Fellow at the Voltaire Foundation

Reflections on translating French women playwrights

Curiously, I stumbled onto the study of French women playwrights essentially by accident. The process began over four decades ago, when I was recruited by my closest friend from graduate school to help him in preparing a critical edition of a tragedy by Pierre du Ryer and found out in the process that I enjoyed doing editions. My colleagues at my first tenure-track position did not much care for the topic of my dissertation (religious tragedy of the sixteenth and seventeenth centuries). They advised me to forget about reworking it into a monograph and instead confine myself to doing critical editions. I consequently turned to another of my interests at the time: the debate over the existence of a literary baroque.

Portrait of Marie-Catherine de Villedieu by Charles Devrits, published in an 1845 book of portraits of Norman poets.

I worked on editions of three plays by Jean Rotrou that I viewed as typical examples of baroque drama. I got one of them published but soon realised that it would be difficult to publish multiple plays by the same author. I therefore began to look around for another suitable playwright. One of my colleagues, who had published a monograph on Mme de Villedieu at the start of his career, suggested that I look at her tragicomedy, Le Favori (1665). I was so impressed by that play, which struck me as a neglected masterpiece, that I decided to explore the overall history of female playwrights in France. There was no general study of that subject, and I was unable to find anyone else in the United States working on it, even though English women playwrights were garnering a lot of attention. Indeed, most scholars of early modern French literature seemed unaware that there were any women playwrights in that period.

At that point, it became clear that an edition of Le Favori by itself would be inadequate and that something on a much larger scale was needed. So I decided to embark on a full-length anthology of French women playwrights, covering multiple authors and genres. I also realised that, since Women’s Studies was taking off as an academic field, it was necessary to make the plays available to a wider audience, which meant translating them as well as preparing French editions. And that meant turning my anthology into a bilingual edition.

Frontispiece of the 1750 edition of Cénie by Françoise de Graffigny, the most successful play by a French woman on the Parisian stage prior to the Revolution (Paris: Cailleau, 1750).

The next question was how many plays to include and within which time period. Eventually, I settled on 1650 to 1750, for the following reasons. First of all, although I discovered a handful of women playwrights in the sixteenth century, starting with Marguerite de Navarre, none of the authors seems to have intended their works for public performance (with one exception, and that play is lost), and there is no indication that any of them knew about the others, meaning that there was not yet a sense of tradition. As for the first half of the seventeenth century, I found only one play, which survives in manuscript, was never performed, and in my opinion is not very good. It was not until 1650 that women playwrights started to find an audience, with a number of them publishing their works or getting them publicly performed, or both. Françoise Pascal, who published six plays between 1655 and 1662 and had at least two of them staged by professional companies, struck me as the proper place to begin. As for the endpoint, I chose Françoise de Graffigny, whose Cénie (1750) was the most successful play by a woman on the Parisian stage prior to the Revolution.

In order to show the diversity of genres cultivated by these writers, I included a short farce, a tragicomedy, a comedy-ballet, two tragedies, and a tearful comedy. Unfortunately, once I had completed the bilingual anthology, I was unable to find a publisher for it. Finally, I lucked out thanks to a casual conversation that I had with Wolfgang Leiner during a conference. He expressed his willingness to publish my book in the monograph series that he directed, Biblio 17, but he was not prepared to handle a bulky bilingual edition. Instead, he gave me the choice between submitting just the French originals or just the translations. I sent him an all-French version, which he accepted, and I was soon to find an American publisher for the companion volume with just the translations.

Françoise de Graffigny, author of Cénie. Victorine-Angélique-Amélie Rumilly, Presumed portrait of Françoise de Graffigny (1695-1758), 1836, oil on canvas, 75.3cm x 65cm, Palace of Versailles.

The appearance of these volumes produced such a huge amount of interest in these women playwrights that I quickly realised the need to prepare a second volume, covering another six plays from the same period, with a greater emphasis on plays with explicitly feminist content, including Anne-Marie du Boccage’s 1749 tragedy about the Amazons. This time I included some works from the théâtres de société in addition to plays intended for public performance. The French-language edition was quickly accepted by the Biblio 17 series. However, finding a publisher for the translations was more difficult than anticipated, since the U.S. publisher that had accepted the first volume had ceased operations. I eventually got the volume accepted by the ‘Other Voice’ series, which is primarily devoted to early modern women authors, but there was an unexpected obstacle: at that time the series had a cut-off date of 1700. Since I had not yet translated all six of the plays from the French edition, I agreed to do a shorter volume with only the first four of the projected plays. Left out were works by Staal-Delaunay and Du Boccage.

Portrait of Anne-Marie Du Boccage by Charles Devrits, published in an 1845 book of portraits of Norman poets.

While I was engaged in preparing the second volume of both the English-language and French-language versions of my anthology, an exciting new project got underway. Henriette Goldwyn, one of the first American colleagues to share my interest in women playwrights, got in contact with the eminent French feminist scholar, Eliane Viennot, and with the French actress, director, and independent scholar, Aurore Evain. Together they developed a plan to publish a multi-volume anthology that would cover the entire Ancien Régime period. I was eventually invited to join the general editorial team alongside Aurore and Henriette. The original plan was for a three-volume collection, but it was ultimately expanded to five volumes, of which four have so far been published. This collection, far more comprehensive than my earlier two-volume anthology, included two-thirds of the plays that I had previously edited, but we decided that it was worthwhile to have a certain amount of duplication.

In addition to my work with the editorial team, I wrote the general introduction to two of the volumes and edited a number of the individual plays. After the publication of the third volume, the press handling the series, Publications de l’Université de Saint-Étienne, experienced financial difficulties and was unable to commit to publishing the remaining volumes. Eliane and Aurore successfully negotiated with Classiques Garnier to take it over, with the publisher insisting on reissuing the first three volumes under its own imprint. In the meantime, I collaborated on an edition of the pedagogical plays of Mme de Maintenon, which we felt did not properly fit into the five-volume anthology. At this point, I felt that I had arguably done enough with editions of French women playwrights in French.

Challenges to Traditional Authority: Plays by French Women Authors, 1650-1700, ed and trans. by Perry Gethner (Toronto and Tempe: Iter Academic Press and Arizona Center for Medieval and Renaissance Studies, 2015).

More recently, however, I have started to feel that there is a need for an additional volume of women playwrights in translation. My plan is to focus just on comedy and to expand the period covered as far as 1800. I have not finalised the list of plays, but the authors will most likely include Louise-Geneviève de Sainctonge, Marie-Anne Barbier, Marguerite de Staal-Delaunay, Françoise de Graffigny, Stéphanie-Félicité de Genlis, and Olympe de Gouges. I expect this project to occupy me for roughly five years.

I have several broad considerations in mind when I work on these translations. I want them to be as accurate as possible yet readable, avoiding awkwardness and stilted language; I would like the readers to enjoy the plays as much as I do. I want the introduction and notes to provide adequate information to help non-specialists appreciate the works in their historical context. I try to make the translations suitable for actors, in the hope that my versions may be used in performance. In addition, I feel a responsibility to the playwrights, knowing that this is the first time their works are being rendered into English, and that quite possibly it will also be the last. Finally, I want to note that I have learned much from studying this neglected group of texts, especially the insights into the authors’ personal perspectives on such matters as women’s rights, their capacity for reasoning, leadership, and friendship, and their frustration with social injustice.

– Perry Gethner, Regents Professor of Foreign Language, Oklahoma State University

Bibliography

Challenges to Traditional Authority: Plays by French Women Authors, 1650-1700, ed and trans. by Perry Gethner (Toronto and Tempe: Iter Academic Press and Arizona Center for Medieval and Renaissance Studies, 2015).

Femmes dramaturges en France (1650-1750) : Pièces choisies, ed by Perry Gethner (Paris, Seattle, Tübingen: Papers on French Seventeenth-Century Literature [Biblio 17, 79], 1993).

Femmes dramaturges en France (1650-1750) : Pièces choisies. Tome II, ed by Perry Gethner (Paris, Seattle, Tübingen: Papers on French Seventeenth-Century Literature [Biblio 17, 79], 1993).

The Lunatic Lover and Other Plays by French Women of the 17th & 18th Centuries, ed by Perry Gethner (Portsmouth, NH: Heinemann, 1994).

Maintenon, Françoise d’Aubigné de, Proverbes dramatiques, ed by Perry Gethner and Theresa Varney Kennedy (Paris: Classiques Garnier, 2014).

Théâtre de femmes de l’Ancien Régime, ed by Aurore Evain, Perry Gethner, and Henriette Goldwyn, 3 vols (Saint-Étienne: Publications de l’Université de Saint-Étienne, 2006-2011).

Théâtre de femmes de l’Ancien Régime, ed by Aurore Evain, Perry Gethner, and Henriette Goldwyn, 5 vols [of which 4 have appeared] (Paris : Classiques Garnier, 2014-).