Enfin Moland vint ou comment reprendre le flambeau

La première partie de cette notice, ‘Moland avant Voltaire’, peut se lire ici.

2. Moland et Voltaire

Portrait de Louis Moland dans H. Carnoy, Dictionnaire biographique des hommes du Nord, I. Les contemporains (Paris, 1894), p.134. (artiste inconnu)

Commençons par dire qu’en l’état présent de nos connaissances nous ne savons rien de concret concernant la genèse de l’édition des Œuvres complètes de Voltaire, ni si Moland lui-même en était l’initiateur. Le prospectus initial, qui annonce une édition d’environ quarante-cinq volumes in-8o cavalier, attire surtout l’attention du lecteur sur le fait que ‘Ceux qui voulaient placer les Œuvres de Voltaire à côté des belles éditions de nos grands écrivains, qui se multiplient de toutes parts, ne trouvaient aucune édition qui pût les satisfaire. C’est cette lacune que nous entreprenons de combler.’ D’une part, il se peut que les Garnier aient tout simplement subodoré un créneau béant dans un marché lucratif; d’autre part – cas de figure peut-être plus probable – il se peut que Moland ait plaidé la cause d’une édition selon ses propres critères d’excellence qui pût en effet profiter des résultats des recherches entreprises – sur une période d’une quarantaine d’années – depuis l’époque de l’édition Beuchot. Ce même prospectus pourrait très bien porter la trace de sa propre plume: ‘Publiée sous la direction de M. Louis Moland, la nouvelle édition de Voltaire [présentée en tête du prospectus comme étant ‘conforme pour le texte à l’édition de Beuchot’] sera la plus complète de toutes, celle qui présentera un plus remarquable ensemble de notices, de commentaires et de travaux accessoires: études biographiques et bibliographiques, table générale analytique, enfin ce que les lecteurs sont accoutumés de trouver dans nos grandes éditions modernes. Le nom de l’éditeur si considéré des Œuvres de Molière, de La Fontaine, de Racine, de Rabelais, etc., suffit à garantir que notre édition ne laissera rien à désirer sous le rapport littéraire.’

Le nom de Beuchot dans ce contexte, comme inspirateur, n’a rien d’étonnant: de toutes les éditions de Voltaire, parues depuis la grande édition de Kehl, il n’y avait que la sienne qui pût satisfaire un critique comme Moland dont les préférences éditoriales étaient évidemment panoramiques. Si pour les uns, intellectuellement ou culturellement peu exigeants, les 72 volumes de Beuchot étaient un capharnaüm indigeste, pour d’autres – dont évidemment Moland – ils constituaient un véritable coffre aux trésors. Son édition à lui sera donc, qu’il l’ait dit ouvertement ou non, un hommage à un éditeur dont il admirait l’engagement indéfectible, et qu’il tenait à mettre à jour de la manière la plus efficace possible. L’édition de base sera donc celle de Beuchot, complétée de diverses manières par un Moland que l’on peut qualifier de disciple.

Voltaire. (estampe: Gallica, BnF)

A comparer les deux, nous ne discernons que peu d’innovations du côté de celui qui reprend un flambeau si brillamment porté en 1828-1833, car même si Moland arrive à ajouter au dossier Voltaire de nombreuses pièces inédites aussi importantes qu’éclairantes, même s’il arrive à ajouter par-ci par-là (au niveau des variantes et des notes) des compléments d’information essentiels, même s’il arrive à rédiger lui-même des introductions liminaires à une multitude de textes de toutes sortes, il ne s’écartera nullement de la marche de son modèle. Bref, il ne fait que l’actualiser de manière intelligente tout en y mettant son sceau personnel.

Comment illustrer cette affirmation? Elle se recommande à nous, comme un phénomène incontournable, dès le premier tome chez l’un comme chez l’autre. Dans sa Préface générale (t.1, p.[i]-xxxviii), Beuchot, conscient du fait que son édition à lui est infiniment plus scientifique que celles qui l’ont précédée, en conclut qu’elle sera donc infiniment plus utile qu’elles. Il s’applique donc, à l’exclusion de toute autre considération, à la situer comme l’apogée d’une longue lignée d’éditions de toutes sortes (dont évidemment il nous propose l’historique circonstanciée) et non point à nous proposer une explication raisonnée des dispositions internes de la sienne. Il nous propose comme qui dirait une explication éclatée: ‘comme j’ai mis, en tête de chaque division ou de chaque ouvrage ou opuscule, des préfaces ou notes, dans lesquelles je donne les explications que j’ai jugées nécessaires, je n’ai point à en parler ici’ (t.1, p.xxxi-xxxii). Les raison de son classement des parties intégrantes des Œuvres complètes ne sont donc pas immédiatement évidents. Moland, par contre, dans sa propre Préface générale (t.1, p.[i]-vii) tient d’emblée à donner, comme entrée en matière, ‘quelques explications sur le plan et sur l’économie de cette nouvelle édition […], tel est l’objet de cette préface’ (t.1, p.[i]). Dans dix paragraphes qui se tiennent, il définit et justifie ce qu’on peut appeler l’architecture interne de l’édition, laquelle n’est à tout prendre qu’un véhicule à proposer (quoique grossièrement) une présentation chronologique de la production voltairienne … aveu que fait Moland, de manière à éviter la controverse, en écrivant dans son Introduction au théâtre de Voltaire (t.2, p.[i]): ‘La présente édition commence, conformément à un usage traditionnel, par le théâtre. Cet usage ne tient aucunement, comme on l’a dit, à l’espèce de préséance qu’on accordait à la poésie sur la prose. Mais c’est qu’il est bon que, dans la suite des œuvres complètes, l’auteur apparaisse successivement tel qu’il s’est montré à ses contemporains, et que l’on assiste autant que possible au développement graduel de son esprit. […] Sous quel aspect se révèle d’abord Voltaire? Il se révèle d’abord comme poète dramatique et comme poète épique’ (p.[i]). D’où, par la suite, apparemment selon les avatars successifs de son personnage (mais en même temps selon une échelle de valeurs esthétiques bien connue, propre à ne pas froisser les tenants de l’école néo-classique), son classement ‘logique’ (Préface générale, p.ii-iii) en tant qu’historien, philosophe, romancier, nouvelliste et conteur, pour aboutir enfin à l’auteur des pamphlets qu’il nommait lui-même ses ‘élucubrations’, ‘petits pâtés chauds’, ‘rogatons’ ou ‘fromages’. C’est ainsi que Moland, à la différence de Beuchot, se met immédiatement au diapason de son lecteur qui est avide de comprendre quel est le ‘fil d’Ariane’ qui doit le mener à une meilleure compréhension de l’auteur et non moins à cette confiance indispensable qui doit s’instaurer entre éditeur et lecteur.

Or si, toutefois, j’ai plus haut caractérisé Moland de disciple de Beuchot, c’est que je m’intéresse tout particulièrement à certaines innovations vraiment révolutionnaires, faites par ce dernier, qui devaient être entérinées de tout cœur par ce premier. Comment, en effet, en tant que membre de l’équipe éditoriale que je suis, recruté il y a bien longtemps par Theodore Besterman pour aider à échafauder une édition à la fois synchronique et diachronique, présentée comme inédite, pouvais-je rester insensible devant une telle approche, évidemment inattendue, chez un éditeur du XIXe siècle? La présentation de textes de manière chronologique n’était en aucune façon pour Beuchot terra incognita. En vérité il s’y aventura délibérément quand il jugeait le procédé utile et éclairant. S’intéressant depuis longtemps aux éditions modernes de Voltaire (voir sa Préface générale, t.1, p.[i]-xxxviii), il n’ignorait pas que, dans l’édition Dalibon (1824-1832), Jean Clogenson avait décidé de classer toutes les lettres de Voltaire (LXVIII-XCV) de façon chronologique, ‘sans distinction des personnes à qui ou par qui elles sont écrites, c’est-à-dire sans les subdivisions de correspondances particulières établies dans les éditions de Kehl, et conservées depuis’ (t.1, p.xxvi et xxxi). Disposition qu’il adopta lui-même quelques années plus tard dans sa propre édition (LI-LXX).

Theodore Deodatus Nathaniel Besterman (1904-1976). (Studio Harcourt, Paris)

Mais Beuchot ne s’arrêta pas là. Il décida d’extrapoler cette méthodologie vers une multitude d’autres écrits qu’il intitule Mélanges (XXXVII-L). Si, dans sa Préface du volume 37, il annonce tout simplement la publication de cette masse par ordre chronologique, ce n’est que dans sa Préface générale qu’il s’en était expliqué: les sections discrètes, intitulées dans les éditions de Kehl et leurs imitations Mélanges historiques, Politique et Législation, Philosophie, Physique Dialogues, Facéties, Mélanges littéraires, devaient être classées ‘sous le titre de Mélanges, dans l’ordre chronologique, sans distinction de genre ni de matière’. Et de se justifier: ‘La classification que j’ai adoptée fait suivre au lecteur la marche de l’esprit de Voltaire. En commençant l’édition, je craignais d’être obligé de justifier longuement cette disposition; cela est superflu aujourd’hui, qu’elle a eu la sanction d’un grand nombre de personnes’ (t.1, p.xxxi). Non pas contre toute attente, Moland reprit le flambeau: ‘L’ordre chronologique donne seul une idée juste des travaux de cette existence extraordinaire, de leur multiplicité et de leur variété. […] C’est en mettant chaque œuvre à sa date qu’on permet au lecteur de se rendre compte à peu près de la marche suivie par le chef des philosophes, de voir ses prudents détours, ses diversions habiles, de deviner sa tactique […]. L’intérêt de certains morceaux augmente ainsi par juxtaposition et par contraste’ (t.1, p.iii). La seule différence que l’on puisse remarquer entre les deux érudits, ce sont des différences d’opinion sur la date de composition de tel ou tel écrit, car l’ordre de leurs tables chronologiques de la totalité des écrits de Voltaire (Beuchot, t.70, p.498-519; Moland, t.1, p.525-42), reflète l’ordre de leur publication de part et d’autre. Mais c’est l’existence même de ces tables qui autorise une question capitale: serait-on, par voie de conséquence, en droit de soupçonner qu’ils auraient pu découvrir, bien avant William Barber et Owen Taylor, les vertus d’une édition des Œuvres complètes entièrement chronologique?

L’Inspiration de l’artiste (c.1761-1773), par Jean-Honoré Fragonard. (The Metropolitan Museum of Art)

M’étant penché sur les travaux de Moland, j’admire sa constante fidélité à une conception très ardue de son rôle d’éditeur et d’érudit. Mais il y a un autre aspect de son portrait qui séduit sur le plan humain: c’est sa générosité d’esprit. Déjà le 13 juillet 1863, Sainte-Beuve lui reconnaissait la même qualité. Répétons-en l’essentiel: ‘M. Moland est […] le contraire de ces critiques dédaigneux qui incorporent et s’approprient sur le sujet qu’ils traitent tout ce qu’ils rencontrent et évitent de nommer leurs devanciers [et] dont le premier soin est de lever après eux l’échelle par laquelle ils sont montés’ (Nouveaux Lundis, t.5, p.274-75). En rendant constamment hommage aux efforts et aux découvertes de ses devanciers et de ses contemporains, qu’il nomme chaque fois sans faute, il prouve à l’évidence, quant à moi, qu’il était conscient du fait que le monument à Voltaire qu’il érigeait en 52 volumes était le fruit d’un travail collaboratif. En quoi n’est-il pas notre semblable et notre frère? Car, arrivés enfin au terme de tous les efforts consentis depuis cinquante ans pour donner vie à cette édition qui concrétise le rêve de Theodore Besterman, il me semble que, dignes successeurs de Moland, nous avons tous à notre tour érigé un monument, non seulement à l’érudition la plus pointue, mais aussi aux ressources inépuisables du travail en équipe qui a été bien mené et bien encadré.

John Renwick, Professeur émérite, University of Edinburgh

‘Je soussigné barbouilleur d’écrits inutiles’

‘Je soussigné barbouilleur d’écrits inutiles, donne pouvoir à qui voudra de m’acheter la terre qu’il voudra, pour le prix qu’il voudra, où je vivrai tant qu’il voudra, comme il voudra, avec qui il voudra. Fait où il lui plaît. V.’ Ce court texte, résultat sans doute d’une plaisanterie dont les circonstances nous sont malheureusement inconnues, est l’un des morceaux rassemblés dans le volume de Fragments divers qui clôt la partie littéraire des Œuvres complètes de Voltaire (la correspondance, les marginalia et les textes attribués suivent). Le manuscrit de cette procuration fictive, éditée par John Renwick dans ce tome 84 des Œuvres complètes, est effectivement une bribe issue de la plume du grand écrivain qu’il aurait lui-même probablement qualifiée d’‘écrit inutile’. Qu’aurait-il pensé du volume qui vient de paraître?

OCV t.84, Fragments divers

Le tome 84, Fragments divers, daté ‘2020’, prend sa place à côté du tome 85, l’un des premiers volumes à paraître sous la direction de Th. Besterman en 1968.

Un fragment est considéré comme une chose rare et précieuse, le plus souvent incomplète, qui nous est parvenue d’un passé proche ou lointain. Sa survie doit souvent quelque chose au hasard. Voltaire emploie le mot dans ce sens, par exemple dans Dieu et les hommes (1769):

‘Les Juifs avaient une telle passion pour le merveilleux que lorsque leurs vainqueurs leur permirent de retourner à Jérusalem, ils s’avisèrent de composer une histoire de Moïse encore plus fabuleuse que celle qui a obtenu le titre de canonique. Nous en avons un fragment assez considérable traduit par le savant Gilbert Gaumin, dédié au cardinal de Bérule. Voici les principales aventures rapportées dans ce fragment aussi singulier que peu connu. …’ (Chapitre 24, OCV, t.69, p.385)

Ou encore, dans le Commentaire historique (1776):

‘Le fameux comte de Bonneval devenu pacha turc, et qu’il [Voltaire] avait vu autrefois chez M. le grand prieur de Vendôme, lui écrivait alors de Constantinople, et fut en correspondance avec lui pendant quelque temps. On n’a retrouvé de ce commerce épistolaire qu’un seul fragment que nous transcrivons. …’ (OCV, t.78C, p.42-43)

Cependant, Voltaire aurait-il vu ses propres fragments du même œil? Car il a beau être l’auteur prolifique que l’on sait, les fragments n’en demeurent pas moins précieux, même s’il aurait sans doute été horrifié de voir publier une édition critique de papiers qu’il ne destinait pas à la publication. A l’exception des notes de travail, dont une poignée est publiée ici sous le titre de Fragments de carnets, et des corrections qu’il a apportées à une préface de Baculard d’Arnaud, les textes que nous publions ici n’ont rien de lacunaire, mais cette collection hétéroclite et aléatoire de courts textes jette un nouvel éclairage sur plusieurs facettes de la vie littéraire – et moins littéraire – de Voltaire.

Il y a d’abord un certain nombre de textes dans le sens plus traditionnel du terme, qui évoquent des sujets chers à Voltaire: la Bible; la question de l’âme des bêtes; la nécessité de rester unis entre philosophes face à l’Infâme; la dramaturgie. D’autres encore concernent des activités d’édition: une préface inédite pour une collection prévue de ses œuvres; un avis et des instructions pour l’imprimeur concernant une édition de La Henriade publiée en 1770; une dédicace inédite pour un ouvrage paru à Berlin au moment où son séjour en Prusse tournait mal. Enfin, une troisième sorte de texte nous transporte au plus près de l’écrivain: ses rapports avec la poste; sa façon de classer ses lettres et autres papiers; des notes de travail qui préparaient des écrits plus développés.

Le fragment dont une page est reproduite ci-dessous nous montre Voltaire au travail: il prend des notes à partir de ses lectures sur l’‘histoire orientale’ tout en ajoutant ses propres observations aussi. On le voit revenir sur son manuscrit pour identifier les passages qui l’intéressent le plus, ce qu’il fait en dessinant des espèces de ‘mains’ stylisées qui ressemblent à des ‘6’ penchés. Il apporte des compléments en marge. Il note à plusieurs reprises la source de sa lecture (les Voyages de monsieur le chevalier Chardin, en Perse et autres lieux de l’Orient, de Jean Chardin), et cite des vers persans en traduction. Cette édition des fragments de carnets découverts depuis la publication en 1968 des Notebooks de Voltaire par Theodore Besterman fournissait l’occasion pour nous de faire une analyse plus poussée de ses notes de travail.

OCV t.84, Fragments diverses, fragment 48a

Fragment 48a (manuscrit autographe), f.7r. Oxford, Voltaire Foundation: MS20.

Outre l’intérêt des découvertes et des nouvelles perspectives, éditer de tels textes procure le plaisir de travailler avec des documents autographes. Nous jugeons que ce volume de fragments, quelque disparates qu’ils soient, apporte du nouveau dans le domaine des études sur notre auteur en révélant aux lecteurs ses papiers restants et des brouillons qu’il n’avait pas jugé bon de publier. N’en déplaise à Voltaire.

– Gillian Pink

Eighteenth-century studies, Besterman and Voltaire

Edinburgh castle.

Edinburgh welcomed dix-huitiémistes this year for the fifteenth ISECS congress. The Voltaire Foundation’s newest staff member, who joined in April 2019, experienced ISECS for the first time and was impressed by the strong ties in the research community. Meeting many of the OCV authors at the book stand was also a very welcoming and enlightening experience.

In July 2017, 50 years after the idea of the OCV was formed, the Voltaire Foundation published a blogpost summarising its first 25 years. Now, as we approach the end of the print edition, only a little later than hoped (does Achilles ever catch the tortoise?), it is time to look at the next 25 years, from 1993-1994 to 2018-2019, where the dominant theme has been scholarly collaboration.

The Voltaire Foundation at 99 Banbury Road, Oxford.

In 1993 the Voltaire Foundation bought a large Victorian house at 99 Banbury Road, giving much more space than the cramped modern offices it had previously occupied near the city centre. The first OCV volumes published from 99 were by key colleagues who are still being published in OCV, including Christiane Mervaud, with her edition of the Dictionnaire philosophique (vol.35-36) and her introduction to the Questions sur l’Encyclopédie (vol.37, 2018), Henri Duranton (vol.21, Essai sur les mœurs, 2018), Ralph Nablow (Le Dimanche and Lettre de Monsieur de La Visclède, vol.77A, 2014), John Renwick (Annales de l’Empire, vol.44, publication in 2019), and David Williams (Corpus des notes marginales: complément, vol.145, 2019). The ISECS conference of this period took place in Münster, Germany, in 1995.

Two members of staff who transferred to 99 are also still publishing in OCV: Janet Godden (vol.29, Précis du siècle de Louis XV, 2019) and Martin Smith (vol.146, 2020). The earliest members of staff to join the VF at the new premises and who are still at 99 working on OCV were Pippa Faucheux (1998) and Nicholas Cronk. The latter joined the editorial board and became Director of the edition in 2000.

News Bulletin for the 1999 ISECS congress in Dublin.

International collaboration continued in other ways. By the time of the ISECS congress in Dublin in 1999, the general editor of OCV was Haydn Mason, soon joined by Nicholas Cronk (current general editor) who took sole responsibility for the series on Haydn’s retirement in 2001.

In 2002 regular annual Besterman lectures were instituted, bringing eminent scholars from the UK and other European countries and the USA to talk on a vast range of subjects related to eighteenth-century studies, from Jesuits in China to the French Revolution, from problems of editing to the progress of plagiarism, from the late Renaissance to digital culture, and many other topics.

In the same year the British Academy commenced its longstanding, ongoing and valuable support for OCV. At the same time, another event of great importance for international collaboration was the signing of the contract to complete the publication of the Corpus des notes marginales, originally a project of the Russian State Library in St Petersburg, and to incorporate it into OCV.

2003 brought the next ISECS congress, in Los Angeles, the first in the USA since Yale in 1975.

In 2005 the OCV in-house team began to expand with Paul Gibbard, who is still contributing from Australia, as author in vol.144 (2018). Our current research editors joined the team from 2006 to 2010, enabling the high-calibre work on the edition to be continued at increased pace and scale. In 2006 the first of the new Corpus des notes marginales volumes (no.6, vol.141) was published, and enhanced re-issues of the first five volumes appeared between 2008 and 2012.

Coffee with M. de Voltaire.

In 2007 the Voltaire Foundation initiated a process whereby a younger scholar is introduced to an established Voltaire scholar to collaborate on the critical edition of a particular text. The first of these partnerships was between Tom Wynn and Haydn Mason, for the Poème sur la loi naturelle in vol.32B. Many more successful collaborations followed.

In the same year important progress was made on the major multi-volume editions within the Complete works: the first of eight volumes of the Questions sur l’Encyclopédie appeared (vol.38), the work of a large team of collaborators, and the Voltaire Foundation also received a five-year AHRC award to support the publication of the nine-volume Essai sur les mœurs project. The first Essai volume would be published in 2009. 2007 was also the year of the twelfth ISECS conference, in Montpellier.

At this time, the Voltaire Foundation also declared a completion date for the OCV of 2019-2020, which would be achieved by publishing six volumes a year, making the edition a roughly fifty-year project, like the Oxford English Dictionary.

In 2009 the Voltaire Foundation continued its support of younger researchers by introducing another newer scholar to a well-established name, in this case Renaud Bret-Vitoz (then in Tunisia, now Professor at the Sorbonne) with Basil Guy (Professor Emeritus at UC Berkeley), who co-signed the edition of L’Orphelin de la Chine (vol.45A).

Supporting post-doctoral work on Voltaire, the VF was pleased to welcome Antonio Gurrado, who was awarded a Marie Curie Fellowship for two years to work in Oxford on Voltaire’s religious works of 1776 (vol.79B, published in 2014). By 2010 all the current team of in-house OCV research editors (Gillian Pink, Alison Oliver and Georges Pilard) were working at 99 Banbury Road.

News Bulletin for the July 2011 ISECS congress in Graz, Austria.

Also in 2010, the Fondation Wiener-Anspach, which fosters academic exchanges between the Université Libre de Bruxelles and the Universities of Oxford and Cambridge, provided support for the collaborative research project that was the Essai sur les mœurs edition. The OCV also received the Prix Hervé Deluen from the Académie française ‘in recognition of the fifty-year OCV project publishing the complete and critical works of Voltaire for the first time, so changing the image of Voltaire’.

The following year, 2011, eighteenth-century scholars of the world gathered at Graz for the thirteenth ISECS congress.

In 2013 the Voltaire Foundation began a collaborative blog and benefitted from the first of two MHRA one-year research associateships supporting new scholars: Nick Treuherz, working on vol.83 (published in 2015), followed by Helder Mendes Baiao, working on vol.60A (published in 2015). In 2014 a three-year Leverhulme research grant provided support for the preparation of the introductions to Voltaire’s historical works (Essai sur les mœurs, Siècle de Louis XIV and Précis du siècle de Louis XV, all published in 2019). The following year brought support from the Château de Versailles research centre for the first volume of Siècle de Louis XIV, and Nicholas Cronk received AHRC research support for his work on vol.6 (Lettres sur les Anglais).

The Voltaire Foundation’s stand welcoming dix-huitiémistes at the fifteenth ISECS congress in 2019.

Since the fourteenth ISECS conference, in Rotterdam in 2015, the last few years have seen the fruition of various collaborative projects. In 2016, unidentified texts published for the first time in the Kehl edition appeared in vol.34. In 2017 LVMH started supporting one volume per year (vol.20C, vol.65B and vol.21). In 2017 the Voltaire Foundation’s new website went live, replacing one dating from before 2002! This improvement was instigated by Alice Breathe, who is still contributing from Switzerland. In 2018 Christiane Mervaud’s introduction completed the eight-volume set of Questions sur l’Encyclopédie, and 2019 saw the completion of the eight-volume set of Essai sur les mœurs, the seven-volume set of Siècle de Louis XIV and the ten-volume set of the marginalia.

Theodore Besterman.

Theodore Besterman.

More than fifty years after Theodore Besterman held the first Congress in Geneva, he would probably be moderately pleased with the progress that has been made…

– Clare Fletcher et al.

Voltaire en notre temps : le Cellf et la Voltaire Foundation

Sylvain Menant est professeur émérite à Sorbonne Université, ancien directeur du Cellf, il est, depuis 1988, membre du Conseil scientifique des Œuvres complètes de Voltaire, pour lesquelles il a signé de nombreuses éditions critiques dont celle des Contes de Guillaume Vadé en 2014.

La Voltaire Foundation, à Oxford.

La Voltaire Foundation, à Oxford.

L’acronyme « Cellf » désigne le « Centre d’étude de la langue et des littératures françaises », centre de recherches de l’Université Paris-Sorbonne (fondue depuis le 1er janvier 2018 dans Sorbonne Université) et du Centre National de la Recherche Scientifique. Jusqu’à une période récente, ce centre de recherches était spécialisé dans l’étude des XVIIe et XVIIIe siècles. Son prestige a amené les autorités de tutelle à élargir ses compétences à tous les siècles, sous la direction du Pr Christophe Martin. Cet élargissement n’a en rien nui à l’étude des XVIIe et XVIIIe siècles, que nous considérons comme « un siècle de deux cents ans »[1], étude qui rassemble de nombreux professeurs, chercheurs à temps plein, chercheurs associés et doctorants. Ils se réunissent dans quelques salles de travail au deuxième étage de la Sorbonne, au milieu des livres et des machines. Par les hautes fenêtres, on aperçoit, juste en face, de l’autre côté de la rue Saint-Jacques, le collège (aujourd’hui lycée) Louis-le-Grand où le jeune Arouet, futur Voltaire, fut élève des Pères jésuites. Le Cellf a célébré cette année son cinquantième anniversaire par un colloque de trois jours où ont été évoquées ses recherches passées, présentes et à venir, complété par des festivités diverses. Il a tenu à associer la Voltaire Foundation à cette célébration ; elle y a été représentée par l’un de ses membres actifs, Gillian Pink, qui a pris la parole ; elle a participé à la mise au point de nombreux volumes tout en préparant une excellente thèse soutenue en 2015[2].

Réunion du Conseil scientifique des Œuvres complètes

Réunion du Conseil scientifique des Œuvres complètes de juin 2016. Assis, de gauche à droite: Marie-Hélène Cotoni, Christiane Mervaud, Jeroom Vercruysse; debout, de gauche à droite: Gérard Laudin, Gerhardt Stenger, Nicholas Cronk, John R. Iverson, Sylvain Menant, Russell Goulbourne, François Moureau.

Depuis sa création, le Cellf, par le nombre de chercheurs spécialisés qu’il a accueillis et le nombre de thèses soutenues, par le nombre des publications et des colloques, est le principal centre mondial de recherches sur Voltaire et de formation de jeunes voltairistes. La Voltaire Foundation, devenue un organe de l’Université d’Oxford après avoir été implantée à Genève, est le prestigieux centre d’édition d’une collection complète des œuvres de Voltaire et de travaux critiques sur cet écrivain et son temps. Les deux institutions, de nature et d’objet différents et complémentaires, entretiennent depuis longtemps une féconde et cordiale collaboration. De nombreux chercheurs appartiennent aux deux institutions et y jouent un rôle actif. Symboliquement, le Conseil scientifique des Œuvres complètes de Voltaire publiées à la Voltaire Foundation tient sa réunion annuelle dans les murs du Cellf, souvent sous la présidence d’un membre de notre laboratoire. Symétriquement, nous sommes nombreux à traverser la Manche pour participer à des réunions de travail ou à des comités, faire des recherches dans les riches fonds de la Bodleian ou présenter une conférence sur tel ou tel aspect renouvelé des connaissances sur Voltaire.

Pourquoi ce titre pour célébrer la collaboration du Cellf et de la VF : « Voltaire en notre temps » ? Loin de nous l’idée de chercher naïvement dans l’œuvre ou la vie de cet écrivain des conseils pour régler les problèmes du monde d’aujourd’hui. Ceux qui crient : « au secours, Voltaire » n’ont lu de son œuvre que des fragments orientés. Tout au contraire, nous avons pour objet depuis l’origine de débarrasser Voltaire des récupérations intéressées dont son œuvre a été l’objet au XIXe siècle, récupération par les monarchistes de ce partisan de l’absolutisme, récupération par les élites de ce contempteur de la « populace » et de cet ennemi de l’instruction populaire, récupération par les sans-Dieu de cet anticlérical. Notre temps est celui d’une approche scientifique neutre du phénomène Voltaire, d’une utilisation des moyens les plus neufs d’approche des textes et des faits, d’une mise à disposition des publics d’aujourd’hui de l’œuvre et de ses arrière-plans. Notre temps est ainsi celui d’une redécouverte d’un Voltaire débarbouillé des lectures partisanes, et enrichi d’une nouvelle et prodigieuse érudition. C’est l’esprit qui anime à la fois les voltairistes du Cellf et ceux d’Oxford.

Leur entreprise est commune depuis le début, et elle commence avant même la création des deux institutions. En 1967 à Saint-Andrews en Écosse, en marge d’une rencontre internationale de spécialistes du XVIIIe siècle, un mécène anglais passionné, Theodore Besterman, lance l’idée de publier une édition complète des œuvres de Voltaire, alors que la plus récente datait de 1875. Besterman, dès ce moment et jusqu’à aujourd’hui au-delà de sa mort, consacre sa fortune à cette entreprise ; il est le fondateur de la Voltaire Foundation. René Pomeau, professeur à la Sorbonne et futur membre important de notre laboratoire dès sa création, fait partie du comité international qui s’engage dans cette tâche immense, qui totalisera environ deux cent volumes. Il recrute des collaborateurs français, surtout parmi ses nombreux élèves, comme Marie-Hélène Cotoni, Jean Dagen, Christiane Mervaud, José-Michel Moureaux, Roland Virolle, une dizaine d’autres, et moi-même. Quand le Cellf est créé, l’équipe des voltairistes, déjà nombreuse, soudée et active, constitue une des pierres angulaires de la nouvelle institution de recherche. Les textes à éditer sont distribués selon les compétences de chacun ; les œuvres les plus volumineuses sont prises en charge en équipe ; les premiers résultats du travail circulent, sont enrichis ou corrigés au passage ; les collaborateurs spécialisés de la Voltaire Foundation contribuent à la chasse aux copies manuscrites, aux vérifications bibliographiques, au relevé des variantes, et assurent une impeccable préparation du texte pour l’imprimeur.

À l’origine, il s’agissait surtout de fournir au public moderne le texte devenu introuvable de l’ensemble des écrits de Voltaire, dont seuls quelques titres, les plus connus, étaient disponibles en librairie. Mais nous étions désireux de partager les découvertes faites au cours de nos recherches d’éditeurs, et conscients des difficultés que présente pour un lecteur moderne, même spécialiste, la foule d’allusions et de sous-entendus dont fourmillent les textes de Voltaire. Bientôt les introductions, les notes, les annexes se multiplièrent, et l’édition est devenue un monument d’une extraordinaire richesse, une somme capable de faire comprendre Voltaire en notre temps, autant que faire se peut.

La Religion de Voltaire.

L’édition, contrairement à toutes celles qui l’avaient précédée, est, on le sait, chronologique. Elle met l’accent sur le lien entre la genèse et la publication des œuvres de Voltaire et ses expériences successives du monde et de la vie. C’est un choix qui crée des problèmes d’édition épineux, mais c’est un choix historique lié aux premières orientations du Cellf et de ses fondateurs. Pour résoudre les contradictions apparentes dans la pensée de Voltaire, que la critique ne cessait de souligner, René Pomeau avait opéré une révolution épistémologique dans sa grande thèse sur La Religion de Voltaire : au lieu d’étudier le système de pensée de l’écrivain, il avait suivi les étapes de son existence, montrant comment sa pensée avait évolué, parfois fluctué, en rapport avec les circonstances. C’est cette démarche que reprenait le projet des Œuvres complètes.

Mais c’est aussi cette démarche qui justifiait un grand projet collectif qui se développa parallèlement et se réalisa tout entier dans les murs du Cellf : une grande biographie renouvelée, intitulée Voltaire en son temps. L’équipe des voltairistes du Cellf réalisa ce vaste travail de 1985 à 1994, de façon largement collective, tous les apports individuels étant préparés par des réunions au Cellf, auxquelles participait parfois le représentant d’alors de la VF, Andrew Brown, et aussi des personnalités comme Jacques Van den Heuvel, André-Michel Rousseau, Jacqueline Marchand. Chaque volume avait son responsable; Jean Dagen et moi, qui devions plus tard diriger le Cellf successivement, avons eu en charge les volumes IV et V. L’ensemble était unifié par une révision de René Pomeau, qui écrivit lui-même par ailleurs d’importants développements. La première édition de ce travail désormais fondamental et partout cité comme la biographie savante de référence fut publiée en cinq volumes successifs à la Voltaire Foundation.

Couverture du premier volume de Voltaire en son temps.

Couverture du premier volume de Voltaire en son temps (Oxford, 1985).

Quand cette biographie fut terminée, les réunions plénières annuelles en juin de l’ensemble de l’équipe ne s’arrêtèrent pas. Nous étions soucieux d’assurer l’avenir des études voltairistes en France et ailleurs. Ces réunions se transformèrent en « journées Voltaire » qui continuent et réunissent les spécialistes de toutes les générations autour des chercheurs du Cellf et les collaborateurs de la Voltaire Foundation, réunis dans une « Société des Études voltairiennes » qui a son siège au Cellf. L’actuel président de la SEV est Nicholas Cronk, directeur de la Voltaire Foundation, marque de notre étroite collaboration. Les « journées Voltaire » sont devenues le cadre d’un colloque annuel à la Sorbonne dont les actes sont ponctuellement publiés aux PUPS, avec le soutien actif du Cellf, dans une revue de bonne diffusion, intitulée Revue Voltaire. Cette année, les 22 et 23 juin, le colloque avait pour sujet « Voltaire du Rhin au Danube » et réunissait de nombreux chercheurs d’Europe centrale. Il était organisé par Guillaume Métayer, brillant chercheur du CNRS au Cellf où il représente la troisième génération de voltairistes puisqu’il a été mon doctorant, alors que j’avais été le doctorant de René Pomeau.

Pendant une dizaine d’années j’ai animé en outre dans la salle Jean Fabre du Cellf un séminaire « Voltaire » hebdomadaire qui accueillait des étudiants avancés, des doctorants de toute nationalité, des étrangers en résidence, et d’autres encore. Ce séminaire très suivi a été honoré des interventions d’éminents spécialistes attachés à d’autres centres actifs, comme André Magnan, président de la Société de Ferney, ou Natalia Elaguina conservateur de la Bibliothèque de Voltaire à Saint-Pétersbourg, qui a été chercheur associé au Cellf ; tous deux ont fait partie de notre équipe « Voltaire en son temps ». Le séminaire « Voltaire » se perpétue au Cellf, notamment ces dernières années sur les œuvres théâtrales et leur réception, sous la direction de Pierre Frantz et de Sophie Marchand, désormais sous celle de Renaud Bret-Vitoz et Glenn Roe, récemment nommés à la Sorbonne et devenus ainsi membres du Cellf.

Dans les années 1960, quand j’ai commencé ma carrière, Voltaire était largement éclipsé, dans la recherche dix-huitiémiste, par Rousseau et par Diderot, qui paraissaient plus tournés vers la modernité. Le Cellf a depuis lors participé à une incontestable révolution. Depuis la création de notre laboratoire, les recherches sur Voltaire y ont été particulièrement fécondes. Dans cette fécondité, le rôle de la Voltaire Foundation a été important, d’abord comme un stimulant parce qu’il fallait que l’édition des Œuvres complètes avance. Elle a si bien avancé, grâce à son maître d’œuvre, Nicholas Cronk, qu’elle est sur le point de s’achever. Si Nicholas Cronk est l’efficace directeur de l’édition, c’est l’un des membres de l’équipe du Cellf, Christiane Mervaud, qui est la présidente d’honneur de l’entreprise. C’est dire notre étroite collaboration. Cette collaboration a porté sur les méthodes, sur les savoirs, sur les interprétations. Si nous proposons à la communauté internationale des chercheurs un Voltaire pour notre temps, c’est que nous nous sommes inlassablement entraidés pour mettre tout le savoir de notre temps au service d’une meilleure connaissance de Voltaire.

– Sylvain Menant

[1] Un Siècle de Deux Cents Ans?, éd. Jean Dagen et Philippe Roger, Paris, Desjonquères, 2004.

[2] Gillian Pink, Voltaire à l’ouvrage, Paris, CNRS éditions, 2018.

Les manuscrits à la VF: découvertes et partage

First page of ‘Assassins section 2de’

Début de la copie de l’article ‘Assassins section 2de’ (Voltaire Foundation: ms.73 [Lespinasse 3], p.14).

Une petite armoire à la Voltaire Foundation abrite une collection modeste de manuscrits dont la plupart datent du dix-huitième siècle. Rassemblés par notre fondateur, Theodore Besterman, tous les documents ne concernent pas forcément (ou uniquement) Voltaire: récemment nous avons accueilli des chercheurs de l’équipe des Œuvres complètes de d’Alembert, un collègue de la British Library, et j’ai aussi été contactée par le responsable du projet de l’Inventaire Condorcet, qui me demandait de vérifier des références et de fournir, pour leur beau site, des photos de certaines lettres que Voltaire avait adressées à Condorcet dont nous possédons des copies d’époque.

C’est en cherchant une de ces lettres, en feuilletant un volume de papiers laissés par Mlle de Lespinasse, que je suis tombée sur un texte de Voltaire qui m’était familier, et cela depuis dix ans, car c’est en 2008 que j’ai participé à l’édition du second volume des Questions sur l’Encyclopédie dans les Œuvres complètes de Voltaire. Par un heureux hasard, la découverte coïncidait avec le travail de préparation de l’introduction des mêmes Questions, qui paraîtra dans quelques mois. Il ne s’agissait aucunement d’une hallucination: le texte, ‘Assassins section 2de’, est bel et bien celui de l’article ‘Assassinat’ de cet ouvrage de Voltaire en forme d’encyclopédie (article au demeurant assez méchant, où l’auteur s’attaque à Jean-Jacques Rousseau).

Selon la note inscrite en marge du titre de ce texte dans le manuscrit Lespinasse (on la voit sur la photo), Voltaire envoya l’article à D’Alembert avec sa lettre du 9 juillet 1770 (D16505). Ce qui m’a surprise, c’est que l’inclusion de cette ‘pièce jointe’ n’est pas signalée dans l’édition de la correspondance de Voltaire procurée par Theodore Besterman. La chose étonne surtout étant donné que celui-ci connaissait déjà le volume manuscrit au moment de préparer son édition (cette copie est l’unique source de la lettre qui nous occupe), et en fournit la référence dans l’apparat critique de la lettre. Il a donc apparemment jugé qu’il n’était pas pertinent de mentionner ce témoignage concernant l’envoi de l’article avec la lettre. Pourtant, il est extrêmement intéressant pour quiconque s’intéresse à la diffusion et à la pré-publication des Questions de savoir que cet article figure parmi ceux que l’auteur envoya à D’Alembert, l’un des deux responsables de l’Encyclopédie, ouvrage avec lequel les Questions entrent pour ainsi dire en dialogue.

La question se pose évidemment de savoir si le copiste disait vrai ou s’il se trompait… Mais cette petite histoire d’une trouvaille inattendue illustre l’évolution de l’esprit de l’édition critique sur la quarantaine d’années qui se sont écoulées depuis la parution de la seconde édition de la correspondance de Voltaire dans les années 1970. On a beaucoup plus tendance de nos jours à prêter attention aux détails matériels des sources et à incorporer ces indices à l’apparat critique. D’un point de vue personnel, je suis contente d’avoir trouvé ce manuscrit avant et non pas après la parution de l’introduction des Questions – où Christiane Mervaud s’intéresse à la genèse et à la diffusion de ce texte – et heureuse aussi de constater qu’il ne présente aucune variante textuelle par rapport aux deux autres manuscrits connus de cet article, qui sont conservés, assez bizarrement, dans la même armoire à la Voltaire Foundation.

– Gillian Pink

 

 

Collaborative editing OCV-style: a text’s journey across continents and over the years

As a long-standing editor of the Œuvres complètes de Voltaire (OCV), who regularly visits 99 Banbury Road whenever he is in the UK, Andrew Hunwick was asked for his reminiscences of being an OCV contributor in this the fiftieth year since the start of the series…

Theodore Besterman.

Theodore Besterman.

At the University of Western Australia, when the academic year ends in November, the mind turns to the need for research and publication. For this particular Australian editor, I especially need the resources of the Paris Bibliothèque nationale. Back in 1972, Qantas was offering a greatly discounted return air fare to London – including free return hop to Paris!

In the hope also of getting my doctoral thesis published, I approached Theodore Besterman, editor of the Studies on Voltaire and the Eighteenth Century. He wrote back, saying, ‘By all means give me a ring when you get near these parts’ (the Voltaire Foundation was then at his home, Thorpe Mandeville House in Oxfordshire). This I did, from Paddington Station, and when I eventually got round to discussing possible research projects on Voltaire, he suddenly engaged: ‘Ah, now you’re talking! You’d better come here today, and stay to lunch.’ It was ThB who suggested I become a contributor to the Voltaire Œuvres complètes by contacting general editor William Barber at the University of London. William said there were a handful of opuscules requiring an editor and I gratefully accepted – not realising that I would still be engaged on them years later…

The first step was to locate any extant manuscripts of these four texts. ThB had told me of the important volume 77 of the Studies, containing all the locations of manuscripts and printed editions, as compiled by William Trapnell. At the BN there were two surviving manuscripts of only one of my texts, the Mandement du père Alexis – published this month in OCV, volume 60B.

Teaching and marking took most of my time during the academic year, especially (to ThB’s disbelief) as I was teaching all of French literature, not just the eighteenth century. Yet although our library had the Moland edition of Voltaire, Studies, and the first edition of the Correspondence, I wasn’t able to work on my opuscules until I got study leave, in August 1974. To obtain a carte de lecteur for the BN was about 40 Francs, and this also got me into the Département des manuscrits, where I set about palaeographically transcribing my two documents, one in Voltaire’s hand, the other in secretary Wagnière’s. The former became my base text (nowadays for OCV the first printed edition is often used). In order to establish variants, I found it helpful to read the manuscript aloud, recording it onto a cassette. I then played this back on a Walkman, while comparing it with each of the sources one after the other, noting down any differences.

Obtaining access to the first printed editions proved, in the long run, to be something of a problem. I had assumed that all would be held by the BN. In the event, it was not until my edition of the Mandement was at proof stage that I learned of the existence of edition ‘65a’ (not held by the BN) – which then swiftly became my new base text after consultation with a photocopy provided by the Vf.

One of my opuscules was the book reviews Voltaire contributed in 1777 to the Journal de politique et de littérature from 25 April to 5 July (OCV, vol.80C, list, p.12). As I saw it, my task was to read these books myself, in order to have some basis for assessing Voltaire’s views. Sterne’s Tristram Shandy provided no difficulty, being readily available in our university library. But how was I to consult the four others? In those days (1975) there was no e-mail, internet or Google. No copies were held in any Australian library, and in any case it was unlikely that any library anywhere would be willing to lend its copies of what would undoubtedly have been classed as ‘rare’ books.

I was also busy preparing my doctoral thesis for publication, and my next ‘long period of uninterrupted concentration’ (the stated criterion for ‘humanities’-type research in the detailed submission made to the Australian Senate) would not be until my next study leave in mid-1979. By this time I had arranged to visit Cambridge (accommodation with friends) and acquire a reader’s card to use in their library, which held the ‘rare’ titles I needed to consult. I wasn’t even required to wear special gloves, or keep the pages open with a ‘sausage’, as I found was still the case in 2010 in the Rare Book sections of most of the Paris libraries.

I obtained what I needed from the Cambridge library, and found ‘chapter and verse’ for all the other references contained in Voltaire’s footnotes. I roughed out by hand my introduction to this opuscule and the books reviewed therein, as well as listing by hand, as far as possible, all my own footnotes in numerical order.

When I resumed my university duties, in 3rd term 1979, my teaching and marking loads were considerable (I was also supervising two Honours students’ mémoires), but after exam marking I found time to type up fair copies of the work completed on leave. Happily our part-time typist had earlier typed copies for me of Voltaire’s own texts, and eventually my complete typescripts were compiled by the third week in December 1979. These I photocopied and posted, with a covering letter, to William Barber (by this time he and Giles Barber of the Taylorian had become the OCV editors), who promptly acknowledged receipt of my work. Well, as most readers will know, my editions, as well as those of other contributors, did not become the object of actual publication for quite some time… but that, decidedly, is another story.

– Andrew Hunwick

Note from the Vf: OCV volume 60B is finally published this month. The very last of the collectaneous volumes in the series, the Œuvres de 1764-1766 contains twelve texts and some shorter verse. Work on it began as early as 1979 (see above). It involved eleven contributors along the way, and had passed through the hands of five of the in-house editorial team before it was typeset (four on the bibliography alone). It required eleventh-hour library checking in Paris by a willing student, and emergency call-outs to several OCV editors for last-minute problem-solving, including asking someone’s uncle in Canada to visit a local academic’s home to take photos to verify a manuscript variant. Impressive teamwork at the final hurdle meant that 60B kept its allocated slot in the tight OCV publication schedule. The complex logistics had been further compounded by the initial inclusion of the edition of the Collection des lettres sur les miracles by José-Michel Moureaux (who, sadly, died in 2012) and Olivier Ferret, which then moved to its own separate volume (60D), to be published this Spring.

– KC

Les Œuvres complètes de Voltaire, the first 25 years – the pioneers

OCV – ‘one of the most significant and thoughtful scholarly ventures of the twentieth and twenty-first centuries’ – John Renwick

The idea of publishing the Œuvres complètes de Voltaire is 50 this month. This has made us reflect on the many people who have been – and still are – working to realise this ambitious project in 2019. The current Vf in-house team have all been around at least ten years; however, only one of us was part of the first twenty-five years, so he was asked to write a blog!

Theodore Besterman

Theodore Besterman.

Theodore Deodatus Nathaniel Besterman, in the course of a life of extraordinary intellectual activity, became a passionate voltairien, at one time living in Voltaire’s house, Les Délices, and sleeping in the philosopher’s own bedroom. Whether Besterman’s earlier experience as research officer for the London Society for Psychical Research enabled any special insights through this location is not recorded, but he used his time in Geneva to produce an edition of Voltaire’s correspondence (107 volumes) and Notebooks, as well as starting the series Studies on Voltaire and the eighteenth century (now Oxford University Studies in the Enlightenment). After moving back to England he proposed, at the second congress of the International Society for Eighteenth-Century Studies at St Andrews in 1967 (the Society itself being in part Besterman’s creation), to produce a critical edition of the complete works of Voltaire, an offer enthusiastically received by Jean Ehrard, René Pomeau, Owen Taylor, Samuel Taylor and Jeroom Vercruysse. The Œuvres complètes de Voltaire were born and an international committee formed to direct the edition, including, as well as the above, William Barber (later general editor), Roland Mortier and Robert Niklaus. The Voltaire Foundation was based at Besterman’s house at Thorpe Mandeville in Oxfordshire.

Besterman immediately started a revised edition of the correspondence, to be called the ‘Definitive edition’ (1968-1977), and of the Notebooks, published in 1968. The following year saw the appearance of La Philosophie de l’histoire, edited by J. H. Brumfitt, and in this year too Besterman published his biography of Voltaire, which was to see two revised editions over the following six years, and translations into Italian and German in 1971.

Les Délices

The Maison Les Délices in its garden in Geneva (Wikimedia commons).

1970 saw Owen Taylor’s edition of La Henriade, a revision of his edition published in 1965 in vols 38-40 of Studies on Voltaire and the eighteenth century, this series also being a creation of Besterman while in Geneva. (Owen’s bequest still supports a travel grant established to support young researchers). In the same year Jeroom Vercruysse’s edition of La Pucelle appeared.

Research and publication progressed steadily, helped from 1974 by Samuel Taylor’s detailed recension of Voltaire’s emendations to his own text in the copy of the ‘encadrée’ edition in Voltaire’s own library in Leningrad (SVEC 124). In this year William Barber became general editor. David Williams completed his three-volume edition of the Commentaires sur Corneille and he continues to contribute to the series, most recently in the Nouveaux Mélanges (2017).

1976 brought great changes as Theodore Besterman died and the Voltaire Foundation was bequeathed to the University of Oxford. A small office was set up in Oxford in 1977, consisting of just two people, to be joined the following year by the present writer, whose initial responsibilities were the continuing publication of Ralph Leigh’s edition of Rousseau’s correspondence, which Besterman had also taken on, and the Studies on Voltaire and the eighteenth century series, now with Haydn Mason as general editor.

Publication of the complete works continued, with notably, in 1980, Voltaire’s most famous work, Candide, edited by René Pomeau, who had previously published his study La Religion de Voltaire and who went on to lead the team that wrote Voltaire en son temps, published by the Voltaire Foundation, a rich source for Voltaire studies. The number of international collaborators increased and Christiane Mervaud and Haydn Mason joined the committee. In 1984 La Défense de mon oncle and A Warburton, edited by José-Michel Moureaux, appeared and his work on Lettres sur les miracles will be published in 2018 in collaboration with Olivier Ferret.

Newton

Sir Isaac Newton by Sir Godfrey Kneller, Bt. (Wikimedia commons).

In 1986 Le Droit du seigneur, edited by W. D. Howarth, Haydn Mason’s predecessor at Bristol University, was published and his edition of Le Dépositaire was revised by Russell Goulbourne and published in 2013. In 1987 John Renwick’s edition of André Destouches à Siam appeared in volume 62, and he continues to contribute widely to the series. Roland Mortier, whose Le Philosophe ignorant and L’Examen important de milord Bolingbroke also appeared in volume 62, is thanked for his work on the Fragment d’une lettre du lord Bolingbroke by Jean Dagen, whose edition appears in a volume to be published in 2017; and in 1988 Sylvain Menant joined the committee – his most recent contribution was published in 2014 in Contes de Guillaume Vadé.

Our 25-year survey closes with the publication of Voltaire’s magnum opus of scientific popularisation, the Eléments de la philosophie de Newton, edited by William Barber and Robert L. Walters. William’s editorship ended the following year.

This period saw the idea of a rare individual, who might, some thought, have almost believed himself to be a reincarnation of Voltaire, grow into reality through the collaboration of a large number of scholars in several countries and continents who laid a solid foundation for the next twenty-five years plus. To be continued…

– Martin Smith
Oxford, July 2017

The Œuvres complètes de Voltaire are nearly fifty years old

John Renwick has been a member of the ‘Œuvres complètes de Voltaire’ team since 1970, and of its Conseil scientifique since 1997. Within OCV, he has edited over fifty individual texts, from ‘Amulius et Numitor’ (1711) to the ‘Fragments sur l’histoire générale’ and the ‘Fragments sur l’Inde’ (1773). He has signed the edition of twenty-eight articles in the ‘Questions sur l’Encyclopédie’ and forty-five chapters of the ‘Essai sur les mœurs’, and more than sixty entries for the forthcoming volume 9 of the ‘Corpus des notes marginales’. He is the editor of the major text ‘Traité sur la tolérance’.

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In a recent contribution (September 2016), Jeroom Vercruysse, the editor of Voltaire’s mock epic poem La Pucelle and many other texts since, reminds us of how he and a small number of colleagues were invited by Theodore Besterman to start producing a critical edition of Voltaire’s complete works. In it, he remembers – though fleetingly – how those ‘Founding Fathers’ translated their early aspirations into the concrete formulation of editorial policy. He mentions also their early recognition that such a vast corpus of work would require their having recourse to ‘d’autres dix-huitiémistes afin d’assurer la préparation et la publication de textes si divers’. And he concludes his reminiscences with the observation that ‘nous envisageons la sortie des derniers volumes vers 2020’.

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His comments could not fail to elicit a positive response from this particular reader, who was one of the early second-generation recruits to be approached by Theodore Besterman (in 1970, I was a mere 31-year-old, the same age as Jeroom at the inception of the Œuvres complètes in 1967) and who, decades later (again like Jeroom), is still intimately associated with the enterprise which he also (just as fervently) hopes to see to its completion in 2020.

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It is, however, and more precisely, the comments that Jeroom makes en filigrane about the original editorial approaches that embolden me to return to, and then to expand upon, a topic (that I first treated in 1994 [1]) that now – more than twenty years later – concerns more particularly the constant evolution of the original editorial principles over the fifty years that have intervened since inception in 1968 with the Notebooks, edited by Besterman, then in La Philosophie de l’histoire, edited by J.H. Brumfitt in 1969. Having constantly been a party to a redefinition and an expansion of those editorial parameters, I have been privileged, from beginning to what is now near-end, to witness the refinement of those parameters, a progressive process that has been responsible for making the OCV into what is arguably one of the most significant and thoughtful scholarly ventures of the twentieth and twenty-first centuries.

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The fact that it has also transpired to be a ‘formidable aventure intellectuelle’ makes it even more remarkable. How and why this came about is worth charting in a preliminary sketch that will one day (or so it is to be hoped) provide the impetus for someone to turn the whole question into a detailed study, because, in the time-honoured phrase, this topic is surely a beau sujet de thèse.

– John Renwick

[1] See John Renwick, ‘The Complete works of Voltaire: a review of the first twenty-five years’ in Pour encourager les autres. Studies for the tercentenary of Voltaire’s birth 1694-1994, SVEC 320, p.165-207.

A propos des Œuvres complètes ou comment tout a commencé

La toute récente réunion du Conseil scientifique des Œuvres complètes de Voltaire, qui eut lieu à la Sorbonne le 16 juin 2016, est à l’origine de ces réminiscences de Jeroom Vercruysse sur les débuts du projet:

Après un après-midi de travail lors du congrès de la SIEDS de Saint-Andrews (1967), René Pomeau me glissa dans l’oreille: ‘Venez avec moi, Besterman veut nous voir’. Que nous voulait-il? Je connaissais le personnage, il avait publié mon premier article en 1959 et ma thèse l’année précédente. Nous voilà dans un salon de l’Université où nous rencontrâmes Jean Ehrard, Owen Taylor et Samuel Taylor. Besterman, que j’avais déjà rencontré plusieurs fois, ne dérogea pas à ses habitudes quelquefois assez brusques. ‘Messieurs,’ nous dit-il, ‘êtes-vous d’accord pour entreprendre une édition complète et critique des Œuvres complètes de Voltaire?’ La réponse fut unanime, ‘oui’. Un verre de sherry confirma le propos.

Il ne restait plus qu’à réaliser ce projet dont certains collègues avaient déjà rêvé. Mais nous étions loin, moi surtout, le cadet (j’avais 31 ans), d’entrevoir l’ampleur, la durée et la difficulté de l’entreprise. Aujourd’hui, près de 50 années plus tard, la fin du tunnel est en vue. Mais que de chemin parcouru, de difficultés surmontées! Un mois après le congrès nous fûmes invités au célèbre Reform Club de Londres. En hôte parfait, Besterman nous régala d’un repas dans un salon de ce club si fameux. Et nous tînmes ensuite notre première réunion du Comité scientifique que nous étions devenus. Œuvres complètes, critiques, cela allait de soi. Dans quel ordre devaient paraître les futurs volumes? Quelle ligne de conduite serait suivie pour préparer les textes?

OCV team

La réunion du Conseil scientifique des Œuvres complètes du 16 juin 2016. Assis, de gauche à droite: Marie-Hélène Cotoni, Christiane Mervaud, Jeroom Vercruysse; debout, de gauche à droite: Gérard Laudin, Gerhardt Stenger, Nicholas Cronk, John R. Iverson, Sylvain Menant, Russell Goulbourne, François Moureau.

Il suffit de prendre en main l’un des derniers tomes parus: il ressemble comme une goutte d’eau au premier sorti des presses. De nombreuses allées et venues entre Bruxelles, Genève, Londres et Paris (sans oublier les réunions tenues au cours des congrès des Lumières successifs), un courrier abondant, tout cela marcha le plus tranquillement du monde. Le premier volume publié fut La Henriade, dont O. Taylor avait déjà fourni une édition critique dans les Studies on Voltaire; il la révisa, l’adapta aux normes convenues et l’entreprise prit la route. Besterman me confia La Pucelle d’Orléans qui, débarrassée de ses oripeaux séculaires, vit le jour en 1971. Entre-temps chacun des membres du Conseil apporta son écot à l’entreprise. Mais il apparut très vite qu’il fallait recourir à d’autres dix-huitiémistes afin d’assurer la préparation et la publication de textes si divers. Ce ne fut guère une entreprise aisée pour tous les éditeurs, particulièrement pour ceux qui se chargèrent des ‘grands machins’.

Besterman me ‘colla’ les Œuvres alphabétiques. Bien. Je me mis au travail, mais je dus également trouver des collaborateurs qualifiés. Le Comité étendit ses compétences, augmenta ses effectifs, se renouvela car malheureusement il eut à déplorer des décès et des retraits. Une fois les textes attribués, le Comité dut, au fur et à mesure de l’arrivée des copies, procéder à des relectures, formuler des critiques et des suggestions souvent délicates, recourir à de nouvelles compétences. Des milliers de pages passèrent de mains en mains. Tout cela se passa dans une entente parfaite, jamais un mot plus vif que d’autres ne fut prononcé, et près d’un demi-siècle plus tard, je constate que le Conseil scientifique élargi assure toujours bénévolement ses devoirs avec soin, avec compétence et avec rigueur. Nous envisageons la sortie des derniers volumes vers 2020. Plût aux dieux que je sois encore là pour dire simplement ‘enfin’! Utinam dis placet!

– Jeroom Vercruysse, professeur émérite Vrije Universiteit, Bruxelles

Besterman’s commitment to the Eighteenth Century is still alive

Besterman

Theodore Besterman in the late 1940s

I have always been intrigued by Theodore Besterman – the Voltaire Foundation’s founder. At 99 Banbury Road, Oxford – home of the Voltaire Foundation since 1993 – he is commemorated by a black bust sitting at the left end of the mantelpiece in the main room (which was named after him); at the right end of the mantelpiece sits a white bust of Voltaire, and a picture of a stern-looking Rousseau hangs on the wall between them. Our meetings are thus presided over by this august trio.

I had heard the name Besterman in my academic publishing career before joining the Voltaire Foundation, because as a bibliographer, he gave his name to the Besterman/McColvin Awards for reference works (in both print and electronic forms). These are awarded by the Chartered Institute of Library and Information Professionals (CILIP).

Mantlepiece

The mantlepiece in the Besterman Room at the Voltaire Foundation, Oxford

Tristram Besterman has just written a most informative personal memoir about his step-grandfather for the VF website. His account joins Giles Barber’s biography of Besterman as well as Haydn Mason’s history of the Voltaire Foundation.

One of Besterman’s many significant contributions to 18th-century scholarship was to found the International Society for Eighteenth-Century Studies (or ISECS), the ‘umbrella’ organisation for all thirty national eighteenth-century societies worldwide. The VF still provides the secretariat functions for ISECS to this day.

ISECS holds an international congress every four years and the VF will of course be attending the next congress in July 2015 in Rotterdam. We hope to meet up with many of our colleagues, contributors and friends at our bookstand.

The Voltaire Foundation's stand at the Colonial Williamsburg ASECS

There will be plenary lectures given by Dan Brewer and John Robertson (author of OUP’s Very Short Introduction to the Enlightenment, due in September 2015). In 2019 the ISECS congress will be held at St Andrews, which was the location of the first congress, in 1967.

Besterman also started the Oxford University Studies in the Enlightenment series (in 1955), formerly known as Studies on Voltaire and the Eighteenth Century (or SVEC for short). After 60 years and over 500 books, it remains the leading series in the area of Enlightenment studies.

We are currently seeking to appoint a new General Editor of Oxford University Studies in the Enlightenment.

The successful candidate would initially work alongside Professor Jonathan Mallinson who is standing down after 13 years. In 2016 he or she would take over as General Editor and be involved in appointing a deputy (who will be francophone if the General Editor is not, and vice versa).

Besterman’s legacy is still very much alive as demonstrated by the VF publications still rolling off the press – a new book in the Oxford University Studies in the Enlightenment series every month as well as six new volumes of the Complete works of Voltaire each year (the print edition is due for completion in 2018-2019). The VF’s blog gives an insight into the extended reach of our activities and some of our inner workings and musings – hence this blogpost.

– Clare